3547507A-4A8F-4F46-B542-072267AAD0F9.jpeg, avr. 2021
Coup de neurones est une rubrique de mon ancien blog ÉCONOMIE SOCIALE, L’ALTERNATIVE que j’avais abandonnée parce je pensais m’être prémuni des courts-circuits intellectuels en lisant ou en écoutant certaines incohérences, apories, antinomies, contradictions, bref des conneries qui me vrillaient les neurones et polluaient mon champ de recherche, la philosophie économique (autre ancienne rubrique) déclinée pratiquement avec l’ÉS.
Loupé.
J’ai bien écouté l’interview de Frédéric Lordon et je suis sur, vous savez pas quoi?
Le cul!
Parfaitement?
Oui, j’ai de nouveau court-circuité.
Et je ne vais pas faire le pourquoi/parce que employé par les MAP (Moulins A Paroles) mais expliquer la raison de ce coup de neurones justifié par l'ignorance de l’interviewé de ce que j’écris et de ce que je dis comme beaucoup d'autres depuis fort longtemps relativement à l’ÉS comme seule alternative crédible au capitalisme.
Dans cette interview d'1:16:45, pas une seule allusion à l'ÉS, un secteur qui comprend plus de 200.000 établissements, 2,37 millions de salariés et entre 12 et 15 millions de bénévoles dans les seules associations chiffres ici, une omission qui pour tout économiste digne de ce nom est insupportable.
De plus, pour quelqu'un qui prétend bazarder le capitalisme, ignorer l’ÉS acapitaliste, est plus que surprenant donc, soit il ne connait pas cette économie de dimension humaine à finalité sociale, soit il n'y croit pas en tant qu'alternative.
D’autres, comme Thierry Jeantet l’ont écrit dans un livre L’economie sociale, une alternative au capitalisme ou Béatrice Poncin dans son livre Salariés sans patrons?
Cela ne signifie pas qu'il raconte que des inepties mais qu'il aurait dû se cantonner dans son domaine de recherche, à savoir la théorie économique appliquée comme dans son excellent livre Les quadratures de la politique économique que j’ai lu en 2014.
D’abord, l’analyse du capitalisme de Lordon équivaut à celle qu’a établie Marx il y a lulure et prouve qu’il n’a pas lu ou oublié Le droit à la paresse de son gendre Paul Lafargue et encore moins son cours d’ÉS intitulé Le matérialisme économique de Karl Marx et, plus récemment, La mondialisation du capital de François Chesnais.
Ensuite, si le communisme peut paraître désirable intellectuellement, il est totalement impossible de le réhabiliter sous quelque forme que ce soit pour l’après capitalisme si tant est que cela soit possible car la finalité de ce système est la suppression de l’État bourgeois, ce qui ne me dérangerait pas, mais qu'il faudrait remplacer par une authentique puissance publique représentative émanant du peuple.
Ensuite pour la transition vers l’after, seule la 6ème république garantirait une institution capable d’encadrer la production au bénéfice du collectif concourant à l’intérêt général ce qui, politiquement, aurait un effet d’entrainement pour passer d'une Europe des nations à une Europe des peuples puis à l’OMPU (Organisation Mondiale des Peuples Unis) pour remplacer l'ONU dirigée en off par les États-Unis, premier de la classe capitaliste.
Un sacré chantier en perspective!
Je rappelle que seules les entreprises de l’ÉS sont capables de bazarder l’actionnariat capitaliste des entreprises puisque qu’il n’existe pas et de supprimer la propriété privée des moyens de production pour passer à la copropriété de ces moyens comme je l’ai écrit dans ce billet en 2009.
Il n’est pas question ici d’avancer que l’on peut passer du jour au lendemain d’une économie individualiste basée sur la compétitivité à une économie de la coopération émancipatrice car le système capitaliste convient très bien à la minorité qui en profite et accapare sans vergogne (les voraces) mais aussi à la majorité qui n’aspire qu’à une chose, prendre sa place.
Pour amorcer ce changement anthropologique dont parle Lordon, il faudrait prioritairement substituer au système éducatif actuelle une école libératrice publique et laïque avec une ENES (École Nationale de l’Économie Sociale) pour remplacer feu l'ENA, et dans chaque département une maison de l’ÉS, ce que j’ai déjà proposé sans succès pendant ma carrière auprès d’élus locaux.
Et puis comment stopper les GAFA, les super tankers 3XL, les poids lourds qui transportent les stocks des entreprises, les échanges monétaires mondiaux de places boursières en places boursières complètement déconnectés de l’économie réelle, le 6ème continent plastique, les déchets nucléaires, les ravages de l’économie extractive, l'économie de la drogue, les ventes d'armes, la recherche spatiale pour savoir s'il y a de l'eau sur Mars alors qu'1 milliard d'êtres humains n'y ont pas accès, et puis et puis...
Bazarder le capitalisme et changer les mentalités et les comportements, la belle affaire!
Surtout lorsque constate la symbiose entre les diktats permanents et la collaboration docile, soumise et masquée que l'épidémie a révélés depuis plus d'un an.
Il n’y a que des universitaires yaquafautquon déconnectés de la vie réelle qui peuvent avancer de telles platitudes incantatoires sans avancer par ailleurs des pistes crédibles de mise en œuvre pour la transition d’un système qui perdure depuis plus de 500 ans à un autre.
Et comme après chaque coup de neurones, je vais ressentir une grande lassitude envers ceux qui ne parlent que de changement de logiciel alors que c'est le disque dur qu'il faut changer et qui a fait l’objet de ce billet.
Finalement, pour préserver ma pression artérielle et éviter ces coups de neurones préjudiciables à ma santé, il faudrait que je lise ou écoute uniquement des intellectuels avec une praxis cohérente, une posture que je me suis toujours obligé d’afficher.